Chapeau, Alfresco !

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L’apparition en juin dernier d’un nouvel acteur dans le monde de l’ECM avait fait grand bruit. Et pour cause : lorsque l’ex-PDG de Business Object se marie avec l’ex-directeur technique de Documentum pour lancer une solution Open Source destinée à concurrencer les Documentum et autres Vignette, tout le monde a son mot à dire :

  • les (éternels) enthousiastes : «Super ! Incroyable ! Génial !»
  • les (éternels) sceptiques : «Attendons de voir…»
  • les (éternels) insatisfaits : «C’est de l’arnaque !»

Passons sur les premiers, qui ont dû avoir à peu près la même réaction lorsque Apple a annoncé son nouveau partenariat avec Intel ou Vim la sortie de la version 7 de l’éditeur bien connu du même nom.

N’étant moi-même pas un «fonceur», j’aurais plutôt tendance à adopter la position des seconds : wait and see… L’attente n’a pas été bien longue : après quelques release candidate((Version destinée aux tests avant la sortie d’une version stable.)), une première version stable d’Alfresco (1.0) est sortie le 31 octobre 2005, soit un mois avant la date initialement prévue. Alors bien sûr, cette première version n’a pas relégué du jour au lendemain Documentum au rayon «produits périmés» de votre revendeur préféré : si l’on s’en tient aux fonctionnalités, Alfresco fait (encore aujourd’hui, dans sa version 1.2) figure de souris aux côtés de son grand (faux)-frère (qui serait plutôt du genre mastodonte). Mais quand même, un certain nombre d’indices révèlent le souci de construire un outil à la fois convivial (ergonomie de l’interface web, intégration à l’environnement de travail…), évolutif (programmation orientée aspects, mise à disposition d’API et pérenne (utilisation de composants ayant fait leurs preuves, comme Spring ou Hibernate ; respect des standards : JSR 170, Webdav…). En tout cas, largement de quoi convaincre les sceptiques !

Restent les insatisfaits, ceux qui crient à l’arnaque avant même que le produit ne sorte. Eh bien, pour une fois je n’étais pas loin de leur donner raison. Car un produit présenté comme un «ECM Open Source» qui ne propose des fonctionnalités de base telles que la gestion des groupes, la connexion à un annuaire d’entreprise ou bien encore la haute disponibilité qu’aux utilisateurs ayant souscrit un contrat de support (bien payant, lui !), ça sent la propagande marketing à plein nez((A l’origine, Alfreso était disponible en deux versions : une version «communautaire» Open Source (et gratuite) bridée et une version «entreprise» (assujétie à souscription d’un contrat de support auprès de la société Alfresco) disposant de toutes les fonctionnalités.)). Soit on supprime le E de ECM, et on a bien un outil de gestion de contenu (disons plutôt : de gestion documentaire((On parle habituellement de GED : Gestion Electronique de Documents.))) Open Source destiné aux petites organisations ; soit on se garde de parler d’une solution Open Source (ce qui n’enlève rien aux qualités du produit).

Eh bien messieurs (et mesdames) les insatisfaits, j’ai le plaisir de vous annoncer que vous pouvez dorénavant revoir vos arguments : Alfresco a annoncé la semaine dernière la mise en Open Source de toutes les fonctionnalités !((Que les sceptiques se rassurent : Alfresco va continuer à vendre du support (et assurer ainsi sa pérennité). Pour ceux qui s’inquiéteraient de la viabilité d’un tel modèle économique (rémunération uniquement sur les services), il suffit de regarder le nombre croissant d’entreprises ayant fait ce choix – citons par exemple RedHat, MySQL ou encore eZ systems.)) Et dire qu’il va falloir attendre encore quelques semaines avant de pouvoir tester la prochaine version (1.3, dont la sortie est prévue fin mai), qui devrait notamment apporter des fonctionnalités de gestion de contenu web…

Super ! Incroyable ! Génial !


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