HTML5 : du mouvement au W3C

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Depuis 1999, le langage de publication le plus répandu du Web — HTML — n’a pas connu de mise à jour majeure, hormis peut-être XHTML, une simple «reformulation de HTML 4 en XML 1.0» selon la Recommandation de XHTML elle-même. Naturellement, les années qui ont passé depuis n’ont pas été de simples années d’attente : elles ont permis de dégager de bonnes pratiques dans l’emploi de HTML, de développer des outils de publication puissants et bien réfléchis, que ce soit sur le desktop ou en ligne et, surtout, elles ont permis d’assister à l’apparition de nouveaux outils et usages sur le Web (en vrac, la démocratisation du haut débit, la diffusion de la vidéo en ligne, l’arrivée fracassante d’Ajax, etc.).

LeW3C, cependant, a reconstitué récemment un groupe de travail («Working Group») en charge de rédiger les spécifications du futur langage de publication Web : HTML5. Cette décision fait suite à plusieurs critiques envers le travail autour de la spécification de XHTML 2.0, jugé trop compliqué et trop peu accessible pour la plupart des personnes amenées à publier sur le Web. En octobre dernier, Tim Berners Lee, le créateur du Web et directeur du W3C, déclarait sur son blog personnel que «la tentative de faire passer tout le monde à XML, avec les contraintes syntaxiques que cela impose (guillemets autour des valeurs d’attributs, slashes dans les balises simples et espaces de noms) à intégrer d’un seul coup, cela n’a pas fonctionné». D’où son constat : «il faut créer un groupe de travail HTML entièrement nouveau qui, contrairement au précédent, sera organisé pour apporter des améliorations incrémentales à HTML, ainsi qu’à XHTML».

Ce groupe, dirigé par Chris Wilson (Microsoft) et Dan Connolly (W3C), donne une très large place aux membres duWHAT WG[Le [WHAT WG, qui regroupe principalement des membres d’Apple, Mozilla et Opéra, est un regroupement de professionnels du Web en faveur d’une avancée maitrisée des standards du Web.]]. Son travail devrait aboutir à la publication d’un premier jet de la Recommandation (un «Working Draft») dès le mois de juin prochain, avec pour objectif une Recommandation validée fin 2010, dans un peu plus de trois ans.

Le HTML WG ne part pas d’une feuille blanche; à vrai dire son travail s’appuie sur les propositions du WHATWG pour HTML5 et XHTML5, bien que celles-ci souffrent encore de certaines limitations (principalement autour des API ouvertes à javascript). Détail amusant, même la balise «font», pourtant tant décriée, continuera à être de la partie : les amateurs qui travaillent en HTML aujourd’hui devraient pouvoir continuer à le faire demain avec autant de… «créativité».

Évidemment, la constitution de ce nouveau groupe de travail pose différentes questions au sujet de l’avenir de XHTML, jusqu’à présent débattu par le XHTML 2.0 WG. Parler de nouveaux travaux autour de HTML pourrait même sembler aberrant, alors que tant d’efforts ont été menés pour imposer XHTML au cours des dernières années. Ceci dit, la mission du nouveau HTML WG inclut un travail sur une spécification nommée «XHTML5» (la numérotation suit celle de HTML5), afin de ne pas perdre toutes les avancées intéressantes apportées par XHTML :

  • utilisation de tout l’écosystème logiciel XML;
  • possibilité d’embarquer et d’employer d’autres namespaces dans les pages Web, par exemple avec RDFa[RDFa est une syntaxe permettant d’inclure des métadonnées au sein de documents XHTML. En ce sens, RDFa est comparable aux [microformats. Contrairement à ces derniers, RDFa s’appuie cependant sur un vrai socle sémantique, en permettant d’employer RDF comme couche de représentation abstraite.]];
  • modifications des pages par javascript aisées (manipulation d’arbre DOM);
  • conscience des technologies employées et de leurs conséquences, ce qui constitue souvent un avantage « psychologique » pour le développeur et l’amène à s’intéresser à de bonnes pratiques de développement (par exemple, séparation entre contenu et présentation).

HTML5 et XHTML5 ne changeront probablement pas la face du Web, même s’il est possible qu’une certaine confusion soit créée par la duplication des efforts entre le HTML WG et le XHTML 2.0 WG. Ceci dit, la démarche est intéressante car cette fois-ci elle implique en première ligne les créateurs de navigateurs Web. Et elle permet d’espérer que les Recommandations futures ne resteront plus lettres mortes auprès des éditeurs, mais qu’elles se traduiront désormais en améliorations visibles par les utilisateurs.