La lettre au Pere Noël

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Une part importante de nos missions de conseil consiste en l’assistance de décideurs fonctionnels et techniques dans le choix d’outils ou le positionnement de technologies. Dans cet exercice nous sommes confrontés au plus pervers des comportements, appelé en interne «la lettre au Père Noël».

La démarche démarre plutôt bien en soit. Elle consiste tout d’abord à faire un tour d’horizon auprès de tous les utilisateurs potentiels du futur projet informatique et à leur dire : « bon, quelles sont les fonctionnalités que vous voudriez voir implémentées ? ». A partir de là commence l’écriture de notre lettre.

Rapidement, cet exercice se résume à lister des fonctionnalités plus ou moins hétéroclites, souvent peu précises, et sans notion d’importance relative.

Si l’on prend l’exemple d’un système de gestion de contenu web une belle lettre au Pere Noel serait :

  • « gérer une photothèque »
  • « mettre à jour à jour les contenus depuis word »
  • « pouvoir ajouter un document PDF »
  • « pouvoir configurer graphiquement les étapes de validation des contenus, par type de contenu »
  • « intégrer des portlets au format JSR 168 »
  • « pouvoir faire des liens entre les contenus »

A partir de cette liste, diffuser un cahier des charges et espérer des réponses comparables entre elles est aussi illusoire que vouloir pêcher à la mouche au milieu de l’Atlantique. Il est peu probable d’obtenir un grand choix d’offres, et encore moins probable de pouvoir en retenir une pertinente.

Selon nous, l’effet Lettre au Père Noël est une des principales raisons du pourcentage élevé d’échec des projets informatiques.

Une suite plus raisonnable à l’étape de la Lettre au Père Noël, avant toute sollicitation externe ou démarrage de projet en interne, est de choisir un logiciel ou une technologie pouvant le mieux se rapprocher des besoins exprimés et de refaire cette expression des besoins à la lumière des capacités de l’outil ou de la technologie choisi(e) ; cette approche pragmatique et réaliste permettra également de recadrer les demandes fonctionnelles :

  • trier les besoins vitaux des besoins exprimés « pour voir » ;
  • supprimer les demandes trop coûteuses et risquées, jamais implémentées ailleurs ;
  • réfléchir plus pratiquement à la vie du projet dans la durée, une fois celui-ci livré.

Cette méthodologie, si elle nécessite plus de travail en interne et souvent un accompagnement externe par des personnes familières de la démarche, est une bonne garantie de la réussite du projet.